La première centrale solaire flottante de France entrera en service en septembre prochain et les 47.000 panneaux photovoltaïques flotteront sur l’eau d’une ancienne carrière désaffectée qui s’est transformée en lac artificiel. Le projet aura mis dix années pour se concrétiser dans la petite commune de Piolenc, près d’Orange, dans le Vaucluse.
Les 47.000 panneaux photovoltaïques qui flottent sur l’ancienne carrière remplie d’eau brillent sous le soleil de plomb : après dix ans de gestation, le projet de cette première centrale solaire flottante de France va se réaliser.
Au bout d’un tortueux chemin de terre, le trou béant de 50 hectares dont le maire, Louis Driey, ne savait pas que faire s’est transformé en projet inédit : les cygnes et les canards naviguent autour des panneaux solaires qui s’étendent sur 17 hectares du plan d’eau. O’Mega1, la plus grande centrale photovoltaïque flottante d’Europe selon son concepteur, entrera en service en septembre et pourra produire jusqu’à 17 mégawatts, soit la consommation annuelle d’électricité de 4.700 foyers ou de quelque 10.000 personnes.
Le record mondial détenu par la Chine reste néanmoins encore loin : sa centrale solaire flottante fait 86 hectares (l’équivalent de 120 terrains de football) et est équipée de 160.000 panneaux pour une puissance de 40 MW. « L’eau permet de refroidir les panneaux et d’améliorer de 5 à 10 % le rendement par rapport à des panneaux solaires classiques », explique Nicolas Maccioni, directeur des affaires publiques d’Akuo, la société qui a repris le projet développé par l’entreprise Ciel et Terre, pionnière dans le domaine.
Tout commence il y a dix ans, quand cette dernière entre en contact avec le maire de la commune qui a déjà transformé un premier plan d’eau, creusé pour la ligne du TGV, en base de loisir et de pêche. « Nous ne savions pas quoi faire de cet espace qu’il fallait sécuriser pour éviter les accidents», se souvient Louis Driey (DVD).
Des techniciens travaillent sur les panneaux photovoltaïques de la centrale flottante O’Megal, le 30 juillet 2019 à Piolenc, dans le Vaucluse. © Gérard Julien, AFP
La difficulté n’était pas technique mais administrative
Un prototype de centrale de 100m2 est installé, puis agrandi à 350m2. Des tests en soufflerie sont effectués pour mettre à l’épreuve l’installation située en pleine vallée du Rhône réputée pour ses ventsviolents, mais le rendement doit encore être amélioré. L’entreprise Akuo allège les flotteurs sur lesquels sont disposés les panneaux photovoltaïques reliés par des câbles au réseau électrique afin d’être plus compétitifs. « Il n’y a pas de complexité technique particulière », explique Tristan Urtizberea, chef de projet à Akuo, qui explique avoir eu « les difficultés d’une première française pour faire accepter le projet aux autorités ».
« Trois passages devant la commission de régulation de l’énergie seront nécessaires pour avoir les autorisations, même si le conseil municipal, lui, n’a jamais douté, assure le maire. Au début, on ne l’a pas fait pour le gain d’argent, on a accepté de baisser le loyer plutôt que d’abandonner le projet ». La commune a réinvesti la moitié des 50.000 euros de loyer dans le capital d’Akuo après avoir perçu « plusieurs centaines de milliers d’euros » à l’installation.
Le village de Piolenc devient une commune à énergie positive
« Si on recouvrait l’ensemble des plans d’eau artificiels de France de panneaux photovoltaïques, on pourrait arrêter dix réacteurs nucléaires», affirme le maire de 77 ans devant le plan d’eau surplombé par le site nucléaire de Marcoule…
Fier que des délégations étrangères viennent visiter le site, la commune de 5.000 habitants avec ses trois éoliennes d’1 MW chacune peut désormais se targuer d’être une des rares communes à énergie positive. « Je n’écoute pas trop les politiques : les uns et les autres parlent detransition énergétique mais ne font pas grand-chose », lance l’élu.
Grâce notamment à ce démonstrateur grandeur nature, Akuo s’est lancé dans d’autres projets similaires en Occitanie et dans le Grand Est.